Qu’est-ce qui m’a inspiré au départ, pour écrire Ma femme en bleu ?
La genèse de ce roman est un peu compliquée à expliquer. En fait, presque tous mes projets d’écriture trouvent leur source dans mon expérience de vie. Ce n’est pas nouveau : tous les auteurs vous le diront. Cependant, ce roman est né dans des circonstances difficiles. J’étais en état de choc, vivant une grande détresse émotionnelle. Je me cherchais une activité pour occuper mon cerveau à autre chose que de me morfondre sur mes erreurs, mes douleurs et la trahison du cœur. J’avais entendu parler du NaNoWriMo et je me suis littéralement plongé dans cette expérience d’écriture intense qui ne durait que trente jours. Je me suis donc assis devant ma page blanche, le 1er novembre 2005. Je me suis mis à écrire, sans filet, sans idée précise en tête. Mais dès les premières lignes, j’ai senti que prenait vie cette histoire un peu bizarre d’un homme qui se réveille avec une femme bleue à ces côtés. Bien vite, de nombreuses questions m’ont assailli : qui était-elle ? Était-elle morte ? Pourquoi cette odeur d’œuf pourri mêlée à celle de l’eau de Javel ? Puis, peu à peu, l’idée d’un alcoolique en peine d’amour qui heurte une extraterrestre sur le chemin du retour s’est imposée. La suite est venue toute seule. Je n’avais pas le choix : il ne me restait que 29 jours pour écrire 50 000 mots !
Pourquoi ai-je attendu si longtemps pour réviser cette histoire à la fois drôle et étrange ?
Je suis un boulimique d’écriture, mais aussi le roi des procrastinateurs. Au début de 2006, une seule personne a lu ce brouillon et m’a encouragé à la publier. Mais j’avais déjà d’autres projets en tête et un nouvel emploi à temps plein qui justifiait la remise à plus tard de cette révision. Et puis, je voulais mettre un peu de distance entre cette histoire de fiction et mes déboires amoureux. J’avais rencontré une nouvelle compagne de vie et nous avions de nombreux projets ce qui, là aussi, reportait l’échéance d’un tel projet.
Que s’est-il passé pour que je m’y remette ?
Un heureux concours de circonstances. Il faut savoir que depuis cette première incursion dans le Nano en 2005, je n’ai pas manqué un seul rendez-vous de novembre. Ce qui signifie que j’ai écrit, au cours des années qui suivirent, un nouveau roman de 50 000 mots ! L’expérience d’écriture m’a enrichi et m’a donné confiance. Je suis tombé sur un article qui parlait d’une plateforme de publication créée par des Torontois (je crois). Wattpad est en effet un lieu où les écrivains amateurs (ou en voie de devenir des professionnels) déposent des chapitres et reçoivent des votes et des commentaires de la part des autres écrivains ou de lecteurs abonnés à leur compte. C’était en 2012. J’ai choisi Ma femme en bleu comme première mise à l’épreuve. Je l’ai relu, divisé en chapitres, corrigé rapidement sous Antidode et soumis chaque chapitre sans m’attendre à quoi que ce soit. Juste l’envoyer à l’univers. Et j’ai été surpris du résultat.
Ce roman a obtenu plus de 150 000 lectures. Que s’est-il passé ?
Après quelques semaines, j’ai constaté que des dizaines de personnes lisaient non seulement les premiers chapitres mais tout le roman. J’obtenais de nombreux votes et des commentaires enthousiastes. Puis, je reçus un courriel de la part d’une des responsables de la communauté francophone, me demandant si je serais intéressé de voir mon roman placé dans les recommandations de lecture dans la catégorie de la science-fiction. J’ai accepté sans hésiter. Et ce fut le moment décisif. Je suis resté dans les tops de la section pendant plus de huit mois, accumulant les votes et les lectures au rythme de 50 à 80 par jours. C’est ce qui m’a motivé pour commencer la vraie révision de ce roman.
Comment s’est déroulée cette expérience, puisque ce n’était pas ma première révision ?
Avec Sauts d’âme (qui a été écrit bien avant Ma femme en bleu), j’ai eu beaucoup de mal à passer au travers. D’abord, je ne m’y étais pas dévoué. Pour moi, ce premier roman était une expérience amusante tout au plus. J’ai même envoyé le manuscrit sommairement révisé à cinq éditeurs qui le refusèrent poliment. Je l’ai poli et repoli au fils des mois, avec l’aide d’une collègue. Puis, j’ai découvert Lulu, une entreprise qui permet aux auteurs indépendants de publier des livres électroniques et de faire imprimer des livres à la demande. Mais je n’ai jamais fait d’effort de promotion. Mon unique but, à cette époque, était d’avoir un vrai livre imprimé entre les mains ! Au début de 2017, j’ai pris la décision de me remettre sérieusement au travail. Je me suis dit que mes rêves avaient le droit de devenir réalité. Je me suis fait un plan de carrière. Deux romans révisés et publiés par année. Et Ma femme en bleu serait le premier. Mais quel plaisir ! Et quelle torture à la fois !
Est-ce que j’ai trouvé l’expérience de révision plus difficile que l’écriture elle-même ?
Je ne sais pas trop. J’adore écrire. Pour moi, ça doit être comme se faire une ligne de cocaïne — même si je n’ai jamais usé de drogue de toute ma vie. Le plaisir d’écrire, c’est un trip égoïste qui se vit vraiment dans le moment présent. Je suis en transe lorsque j’écris. La révision, c’est le retour à la base, la structure, la grammaire, le vocabulaire. Mais, plus j’en fais, plus j’adore ça. Je me replonge dans l’histoire et je prends plaisir à ajuster, ajouter ou enlever des éléments, pour voir l’intrigue se transformer en une réalité plus réelle, si je puis me permettre ce pléonasme.
Y-a-t-il de nouveaux projets sur la table pour la fin de 2017 ?
Oui. Je suis en plein dans la révision de mon troisième roman intitulé Les yeux du cœur. Celui-là a été écrit autour de l’an 2000, encore une fois inspiré d’un tourment dans mes relations ! Mais ce sera une histoire d’amour avec un drame sous-jacent. Pas de science-fiction, quoique certains éléments pourraient sembler en être.
Retrouverez la liste de mes romans dans la cette page.