Pat, rue Verville, 1960

L’auteur

Le 11 mai, au tout début des années soixante, dans un corridor de l’hôpital Notre-Dame, on pouvait y entendre des cris de nouveaux-nés parmi les crissements de semelles des garde-malades pressés de déposer ces petits morveux dans un ber artificiel. Un seul de ces bébés ne pleurait pas. C’est tout à fait normal : il pensait à ce qu’il allait écrire un jour au sujet de cet événement sans précédent, de ce moment précieux qui venait de lui arriver en pleine face. Puis, on ne sait trop pourquoi, la vue d’un sein gorgé de lait maternel lui fit oublier cette mission pour le moins précoce. Il se consacra à son métier de braillard, les yeux rivés dans les celui de sa maman.

Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard qu’il se dit qu’il pourrait peut-être écrire des trucs de la vie ordinaire, d’autres choses plus bizarres aussi, à la vue de l’oeuvre de Picasso et de Dali, à la lecture de textes inspirants de la Comtesse de Ségur et des comptines de ses cahiers du Sablier. Ce fut l’aube des extraordinaires aventures d’un dénommé Isidore Tornif, dont les premiers (et derniers) pas en littérature changèrent de tout au tout sa vision de l’écriture : plus jamais ce sombre héros ne porterait le chapeau de sa créativité. Cet imbécile heureux, victime d’une fiction puérilement écrite et dessinée (hélas) se retrouva dans la sous-cave du sous-sol des antiquités de l’oubli (heureusement).

Alors qu’une première moitié de sa vie s’est envolée en écrits semés ici et là (et surtout au fond d’un gros classeur brun foncé), Patrice Landry, le bébé ci-nommé, l’adulte qui n’écrit pas souvent à son sujet à la troisième personne du singulier, cet être, donc, décide de regrouper ses mots dans une sphère virtuelle au plus grand plaisir d’une improbable mais tout de même extrême minorité de personnes qui se risqueront peut-être à lire une ou deux de ses histoires puis passer à autre chose. Il le leur pardonnera car il y a tant à faire dans le iTout.

Ainsi va la vie.

Bonne lecture quand même à ces deux ou trois personnes qui ne s’y ennuyeront point.

L’auteur ci-nommé

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