Archives de catégorie : Nouvelles

Nouvelles : Petites histoires généralement courtes qui utilisent un minimum de mots pour raconter une histoire de façon succinte, brève, rapidement. Vous avez compris?

Essai et horreur

Selon les instructions inscrites sur le document, Donald tapa frénétiquement sur la touche “Détruire” sans résultat. Puis, alors qu’il désespérait de voir une réaction de ce foutu clavier, un déclic se fit entendre et tout fut détruit. Tout. Absolument tout, même sa chevelure jaune comme des blés au vent d’une tempête atomique.

C’est triste mais c’est tout.

Consultation

La salle d’attente était plutôt petite. Il n’y avait pas, contrairement aux standards stéréotypés généralement associés à ce genre de local, de revues datant du paléolithique supérieur ou de dépliants de produits pharmaceutiques miraculeux disponibles auprès de votre fournisseur de prescriptions à la gomme. Non plus de carte de visite ou même de gel anti-bactérien à l’alcool. Rien qu’un décor sobre avec trois chaises droites à la structure de métal très luisant et au siège et dossier de cuir patiné. Les murs, plutôt anonymes, n’affichaient pas de diplômes ou de certificats attestant les compétences du praticien de service.

Poursuivre la lecture

Soixante-sept

Ça fait un bail. Attendez que je me rappelle. Vous voulez vraiment que je vous raconte tout ça ?

Je me souviens que c’était à Paris. Quel arrondissement ? Est-ce que je sais, moi ? J’étais complètement barjo, à c’t’époque. Si je prenais de la drogue ? Y a pas de doute, mais ne me demandez pas quoi. On fumait tout, même le papier peint avec du persil, c’est dire.

Je crois que c’est le cinquième. Mais j’ai perdu la mémoire avec mes cheveux. Vous avez vu mon crâne ? C’était la jungle de poils, là-haut, monsieur l’agent. Les filles faisaient la queue pour toucher ce monument frisé, je vous jure.

Poursuivre la lecture

La vie qui bat, ici bas

Le docteur m’a demandé encore une fois pourquoi j’étais venu le voir, comme s’il ne me croyait pas. Il me regardait avec ses yeux porcins, son visage rose, rond et je ne pouvais m’empêcher de penser à la lune, une grosse lune grasse qu’on voyait dans les premiers essais du cinématographe, une lune qui riait, une lune avec une fusée enfoncée dans l’un de ses yeux. Je ne savais pas si je devais répéter. Pourquoi devais-je répéter? Était-il sourd? Je ne répète jamais, à moins que ce que je dise soit enterré par une musique trop forte dans un bar, ce que je ne fais que très rarement vu que je déteste cette faune bigarrée qui s’alimente de shooters et qui s’observe comme des quartiers de viande dans une boucherie. Qui regarde la cuisse, qui regarde la poitrine, ha, les belles côtes, et cette bavette… J’en ai des frissons tant la bile qui remonte dans ma gorge me rappelle l’abandon, le désespoir d’aimer qui revient me hanter comme une persienne mal fermée un soir d’orage. Elle me frappe et m’insulte, comme la dernière, celle dont je ne me rappelle pas le nom, qui m’a craché au visage tout son venin avant de m’abandonner sur la place publique comme un vieux mouchoir de poche démodé.

Poursuivre la lecture