Archives de catégorie : Nouvelles

Nouvelles : Petites histoires généralement courtes qui utilisent un minimum de mots pour raconter une histoire de façon succinte, brève, rapidement. Vous avez compris?

Le loup gris

Gilles marchait depuis plusieurs heures sur la neige fraîchement tombée lorsqu’il entendit le sinistre grondement. Les lueurs orangées qui filtraient à travers les troncs chétifs du boisé s’embrouillaient tout autant que sa vue qui commençait à faiblir. Le jour s’éteignait doucement et il savait que le froid reviendrait reprendre tout ses droits dans cette nature sauvage.

L’homme s’arrêta un moment, resserra les lanières de cuir qui liaient les raquettes à ses bottes. Même si la neige était dense et sèche, ce n’était pas une raison de se retrouver correctement chaussé lorsque la nuit viendrait. Un faux pas sur ce couvert glacé et il pouvait trébucher, se blesser et devoir s’immobiliser. Et ce n’était pas une situation qui était la bienvenue, il ne le savait que trop.

L’écho du grondement poursuivait sa hantise auditive malgré le chuchotement de la brise à travers les branches nues.

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Gog

L’était une fois, zun petit bon zhomme qui n’était pas plusse haut qu’trois poires. V’savez, pas le genre nain mais petit assez pour qu’on ne le remarque pas beaucoup. Le petit bon zhomme s’intitulait Gog mais tout le monde il l’appelait Bob parce qu’on raconte que le curé quand il l’a baptisé avec l’eau et tout, il avait déjà bu toute une grosse tasse de vin de messe qu’il ne digérait pas trop bien et qui plusse est, lui donnait des brûlations d’estomaqué. Donque, quand c’est qu’il a fallu mettre le nom de Bob sur le papier, il a t’écrit Gog bicôze le papier du baptistère et bien il l’était placé à n’envers.

Breffle, Bob (ou Gog, choississez, biffez le nom, corrigez, si ça vous turlute, moi je m’en contre-poissonne), c’est connu comme la barbe à papa dans la Passion, bien, c’était un gaffeur de première classe. Diplômé de l’université de la bévue, maîtrise en échappement de toutes sortes, notre Bob national tachait, brisait, oubliait, se perdait, et tout le tralalère, à qui meuh-meuh. En plusse, il sentait le biscuit soda. Mais on a jamais su pourquoi et c’est une autre histoire, ça.

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Gerôn-Dépôt

Sébastien regardait le numéro imprimé sur le bout de papier et soupira. Encore dix-huit personnes avant lui. Il consulta son téléphone intelligent : vingt-six nouveaux messages, cinquante-neuf tweets, douze « j’aime », trois messages dans sa boîte vocale et une demande de conférence vidéo en attente.

« Ça va, papa? » demanda-t-il à Louis-Georges qui regardait autour de lui en essayant de cacher la lourde peine qui lui inondait les yeux.

« Pourquoi ça irait plus mal? Tu sais, on peut revenir demain. Ça ne fera pas beaucoup de différence… »

« Et attendre encore une heure et quart? Je n’ai pas que ça à faire, moi. Et toi non plus, tu le sais. »

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La machine à Timmy

Timmy aimait les ordinateurs. Il en possédait six. Son père lui avait légué son vieil Atari 800, un des tout premiers Commodore 64, un authentique IBM PC avec le collant original du fabricant bien en vue, une espèce de clone compatible muni d’un micro-processeur 386 et un rare exemplaire du MacIntosh encore fonctionnel.

Il avait devant lui son sixième appareil, précieux comme tout, acheté sur eBay à un prix exorbitant. Il tardait à l’ouvrir, nerveux comme un enfant de huit ans devant son premier téléphone intelligent. Ses mains moites tremblaient d’impatience. La boîte était lourde. Les frais d’expédition, bien que faramineux, en valaient la peine. Pensez-y. Un Newton 3000, fabriqué par le très célèbre Antòn Krc!

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La triste de faim de Cléophage

Cléophage commençait à bien se sentir. La fraîcheur lui allait si bien. Tout comme la noirceur, d’ailleurs. On était bien un peu serré là-dedans, mais cela en valait la peine.

Comme il était heureux maintenant, surtout qu’il avait résisté de vendre ce monstre de réfrigérateur dont sa femme, Exilda, voulait se débarrasser. Après tout, il fonctionnait encore très bien. Il était vaste et conservait bien sa température quoiqu’il était un petit peu trop froid, de quelques degrés à peine.

Le vieil homme respira un bon coup. Il n’aimait pas vraiment l’odeur du plastique ou du caoutchouc à moins que ce ne fût celui du fréon qui empestait autant.

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