Quand je réalisai que le mot FIN s’effaçait doucement de l’écran noir et que les lumières reprirent vie dans la salle maintenant complètement vide, je crus avoir rêvé. Pendant un bref instant, tous mes souvenirs, ceux de ma mémoire, même ceux que je ne croyais même pas me rappeler, des détails, des riens, des images au-delà des polaroids à moitié effacés qui s’empilent dans des boites à chaussures, des flashs de sourires et de larmes, tout cela me clouait sur mon siège.
Il n’y avait pas d’employé pour me dire de quitter. Même l’odeur du maïs soufflé imbibé de beurre artificiel s’étiola. Le froid de l’air climatisé fit place à une enveloppe tiède, presqu’agaçante sur ma peau rendue difforme par la chair de poule. Pas de musique. Même la lumière ne semblait pas sortir des spots qui cernaient la salle de ses hauts plafonds.