Croire

Le matin du 26 décembre, alors que tout le monde est en ligne pour acheter une bébelle à 75% de rabais tout en sentant l’odeur de dinde farcie du voisin de derrière, P.N. se réveille, fatigué de sa grande tournée. Il gratte sa barbe blanche de laquelle s’égraine les restants de ses petites repas frugals laissés par les enfants du monde entier. Il rôte, un peu ballouné par tous ces verres de lait et de jus d’oranges fraîchement pressés. Il est satisfait encore une fois cette année.

Il regarde les cartes de Noël envoyé par Visa, MasterCard, Discovery, American Express, qui le remercient encore une fois de sa générosité cette année, générant ainsi des milliards de dollars de dettes dans les foyers de la Terre. Il sourit et se dit qu’il s’en fout un peu. Il est en vacances pour une autre année.

Il somnole encore, reniflant un peu, craignant le rhume ou pire, la grippe, qui vient le frapper chaque fois après cet enfer de tournée. C’est le silence ici et P.N. ne s’en plaindra pas.

Soudain il entend un bruit bizarre. Une sorte de grognement. Il lève un sourcil. Il frissonne un peu car la cheminé est éteinte et le frimas qui givre les fenêtres témoigne d’une température relativement basse.

Soudain, il voit une botte qui apparaît dans l’âtre.

“Qu’est-ce que…?” se dit-il.

Un homme habillé de rouge tombe enfin dans l’étroit cube de pierres anciennes. Il regarde dans la direction du lit et P.N. s’empresse de fermer les yeux. L’être fraîchement arrivé rit doucement d’un ho,ho,ho discret.

“Comment…” se demande P.N. en entrouvant les paupières.

Il voit l’homme penché sur l’arbre recouvert de boules bleues et argents. Il dépose une boîte enveloppée de papier coloré.

L’homme se tourne vers le lit de P.N. et ce dernier ferme les yeux, le coeur battant. “Voilà qui est bien ridicule, par la barbe de mes ancêtres. Me voilà excité comme un enfant devant… devant… qui est ce type?”

L’homme s’engouffre dans la cheminé et bientôt il ne reste qu’un mince fumet de cendre qui flotte dans l’air.

P.N. se lève et trottine vers l’arbre. Il s’empare du cadeau. Il le brasse, le retourne, tente de deviner, le coeur toujours battant la chamade.

Il ouvre le présent. C’est un jouet de bois, une espèce de cheval sculpté à la main, semblant à celui qu’il avait déjà eu jadis, voilà plus de mille ans.

Ému, P.N. tombe à genoux et pleure de joie. Ainsi le Père Noël existait vraiment, même pour lui, P.N.

Puis, il disparut tout à coup dans un éclair de lumière.

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