Gog

L’était une fois, zun petit bon zhomme qui n’était pas plusse haut qu’trois poires. V’savez, pas le genre nain mais petit assez pour qu’on ne le remarque pas beaucoup. Le petit bon zhomme s’intitulait Gog mais tout le monde il l’appelait Bob parce qu’on raconte que le curé quand il l’a baptisé avec l’eau et tout, il avait déjà bu toute une grosse tasse de vin de messe qu’il ne digérait pas trop bien et qui plusse est, lui donnait des brûlations d’estomaqué. Donque, quand c’est qu’il a fallu mettre le nom de Bob sur le papier, il a t’écrit Gog bicôze le papier du baptistère et bien il l’était placé à n’envers.

Breffle, Bob (ou Gog, choississez, biffez le nom, corrigez, si ça vous turlute, moi je m’en contre-poissonne), c’est connu comme la barbe à papa dans la Passion, bien, c’était un gaffeur de première classe. Diplômé de l’université de la bévue, maîtrise en échappement de toutes sortes, notre Bob national tachait, brisait, oubliait, se perdait, et tout le tralalère, à qui meuh-meuh. En plusse, il sentait le biscuit soda. Mais on a jamais su pourquoi et c’est une autre histoire, ça.

Hier, Bob est allé se promener au Parc de la Savane, un pied devant et l’autre suivant de près, comme de raison. Il respirait le bon air chaud de ce printemps si brûlant (on est en mai mais c’était comme un jour de Juliette où on ch’expire comme on s’inspire). Le cheveu au vent, le nez en l’air, Bob marchait dans les crottes de chien, bousculaient les vieilles branches qui promenaient leurs dentiers, avala une mouche, trébucha sur un petit suisse à queue grise qui venait de trouver un gland perdu qu’il perdit aussitôt en mourant sous la semelle de l’inconscient. Breffle, tout allait comme d’ordinaire.

Puis, Bob vit une apparition sous la forme d’un ange féminin. Tandis qu’il grommelait des insultes envers son soi-même apitoyé (“tête de pain de pisse”, “champignon sans queue ni tête”, “coquerelle infertile”, “lapin de nouëlle passé date”, “pied dans mètre”, “nain bacille”), il fut soudain envahit par une sensation étrange de bien-être. La vision brunette aux yeux de coquillage le toisa de derrière son sandwich tout de guingois, le jambon pendant entre les croûtes aplaties par ses fesses imprudentes, une canette de Docteur Pépère dégoulinant sur le banc et le chemisier boutonné de travers.

“Apardonnez-moi un petit, ma bonne moiselle. Je suis Gog” fit Bob tout renversé, même dans son identité. “Pourrais-je tu asseoir mon arrière wagon sur la partie non occupée de ce banc sur lequel pose le vôtre comme sur un divan de bois vermoulu?”

La freluquette, courbée par le poids de sa bêtise à elle, se cabra, montant le poitrail pour lui indiquer qu’une courbe est une courbe et qu’elle n’avait pas de ventre, ce qui eut pour effet d’accroître l’espace disponible sur le banc de çi, part la force de choses puisque les muscles fessiers se tendirent zeux-aussi, partie charnue qui du reste était ronde sous la jupette froissée.

Elle acquiesça d’un oui presque honteux. Gog s’assit dans la flaque de bulles sucrées alors qu’elle échappa son dîner sur le gravier, déclenchant une corrida parmi les fourmis qui imitaient jusque-là les hurlement d’une cigale agonisante. Elle ramassa la mie à moitié salie tout en dévisageant le gaffeur qui venait d’éternuer dans sa cravate.

“Quel bonheur…” dit-il en sautant deux zou trois battements de cœur.

“En effet…” fit la beauté fœtale en ajustant son soutien-seins qui se dégrafa sans cria gorge.

“Hum” ajouta Gog en glissant en bas du banc sucré.

“Vous êtes bien charmant, en passant, vous là, je vous l’avoue là” roucoula la jeunette en essayant d’attacher la courroie de sa sandale qui céda sous ses doigts de dame.

“Et vous donque!” renchérit le gêné en époussetant son vestard dont il perdit la boutonnière.

Et il lui offrit un chocolat à moité fondu dans son emballage Forêt-Gomme dont on ne voyait plus la date d’expiration.

Sylve, car c’était le nom de la celle qui l’avait alors âme sonné (et qui, par l’effroi du hasard, avait tété baptisée par le même saoul curé qui ne savait pas mettre les points sur les i), et le dit Gog, démunis par ces bris de vestimenteries à répétition, se retrouvèrent dans un buisson ardent à s’échanger salive et autres fluides pour créer en prose et par la force des choses, un troisième petit être gaffeur qui naquit neuf petits longs mois plusse tard.

Comme de quoi que l’amour, c’est une bien drôle d’histoire. Et que des histoires en plein délire, c’est bien des lire et des relire, tirelire!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

4 × quatre =

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.