Le froid, les flocons, le vent, le blanc, la solitude.
Sur un banc de parc, solitaire, un être figé regarde le vide comme si pouvait en surgir tout à coup un vent de chaleur, une bourrasque de l’enfer qui ranimerait tout. Il n’y a plus d’air, je crois. Plus de tourterelles non plus.
La seule autre chose immensément immobile qui n’a rien à voir avec le sang gelé du sans-abri, c’est la statue d’un héros de la première guerre, le bras tendu, l’arme au poing, flanqué d’un drapeau sculpté d’une feuille d’érable. Mais le héros a l’air plus vivant que l’autre, plus bas. Une odeur aussi. Un relent de graisse de rôti; on le croirait si près. Il y a peut-être l’écho de sa mère, de sa grand-mère, de celle qui roule ses R comme on dit maintenant « genre, tsé », qui dit, qui crie, « vient manger Paul. Ça va êtrre frrrette ». Pauvre Paul. C’est déjà frrette. C’est comme une fin pas très agréable. Les petites veines commencent à exploser. Ça n’y change rien car la viet a déjà fait sa dernière petite réverence, tout juste avant la tombée du rideau mortel.
Puis, une ombre qui passe. L’indifférence a fait son chemin. Une autre ombre. Puis cinq. Une brise glacée. C’est le cerveau qui commence à geler.
L’hiver. Ce n’est pas l’été. C’est sûrement ce qu’il s’est dit, le gros Paul, en rôtant son café froid, juste avant de crever.