J’y suis. Je suis au centre. Au milieu de tout. J’ai conduit ma camionnette directement sur le mur de ciment. Et bang! Me voilà là, en plein coeur de l’univers, entouré de la lumière blanche et la douceur de mon âme libérée du poids d’un corps.
J’y suis et je veux y rester.
Puis, tranquillement, je réalise que je suis au centre de rien. Rien du tout. Au milieu d’un vide incommensurable qui me targue, m’agace. Je veux m’agripper à quelque chose mais il n’y a que de l’air, ou plutôt, une espèce de creux sans densité. Je n’ai même plus de doigts pour le tâter et mon âme n’a de prise nulle part.
Tout à coup, et ça ne dure qu’une infime fraction de seconde, j’entends des rires, des rires déments qui virevoltent autour de ce moi qui n’est plus qu’un point de lumière dans une vastitude de noir.
Je voudrais crier mais je comprends désormais la bonne blague. Dieu n’est rien d’autre que le fruit de la folie humaine et que notre passage ici-bas n’a de sens que par notre naissance et notre mort. Entre les deux, ce devrait être le bonheur. Aux extrêmes, ce n’est que le centre de rien qui part dans toutes les directions.