Étienne froisse le papier et le jette devant lui. Il pleut partout, même dans ses yeux. C’est heureux qu’il pleuve car personne ne sait qu’il pleure. Curieux tout de même qu’une seule lettre sépare ces deux verbes.
Il marche sous la pluie, lavant sa tristesse comme on fait sa lessive en pleine nuit, hors-la-loi. Il a des idées toutes aussi noires les uns que les autres. Il se voit se jetant du haut d’un immeuble, devant le métro, avalant du Drano, se payant une virée au Centre-ville avec un couteau de chasse, égorgeant toutes les femmes en riant à gorge déployée.
Puis, il se sent tout petit. Infiniment minuscule. Une poussière informe dans un univers contre lequel il n’a aucune espèce de prise. Tout lui glisse entre les mains. Alors il se laisse prendre dans ce courant violent et se laisse porter au gré de la vague, avalant toute l’eau fondant sur son âme.
Libre.