Les androïdes se retrouvent habituellement le samedi après-midi au centre industriel de la Cité. C’est là que 3517-V3 et 9381-V7 se sont rencontrés.
Le sujet du jour: les soudures au celluloïde ionisé. Certaines éditions des V7 présentaient des problèmes d’étanchiété et quelques services à la clientèle de la région rapportaient des démembrements spontanés ce qui déplaisait bien entendu aux humains.
3517-V3 aimait bien les V7. Ce modèle, bien que dépassé par les V8-A et le fameux ‘V-10 Jubily’ célébrant les efforts esthétiques des concepteurs (des équipes en partie constituées de V7), représentaient le summum en matière de vraisemblablité. On avait, à partir du lancement de cet androïde sophistiqué, atteint des sommets tant au niveau esthétique (repris en majeur partie dans le modèle Jubily) qu’informatique. Les programmes ne présentaient plus de bogues et les comportements intuitifs des i-dividus, comme on on les appelaient, se rapprochaient de l’humain, ce qui eut l’heur de plaire aux consommateurs. De plus, le coût des ces machines baissa dramatiquement avec l’entrée massive du marché chinois dans la mégabourse mondiale.
9381-V7 n’aimait pas tout ce tapage autour des ratés, préférant travailler et recevoir, pour son maître, tous les points nécessaires à solidifier son statut politique et social. Ces rendez-vous étaient une perte de temps mais, comme l’exigeait la convention des androïdes, il assistait presque religiusement aux rencontres bien qu’il restait silencieux la plupart du temps.
Ce fut le V3 qui amorça la conversation: “Vous êtes un V7?”
9381 esquissa un sourire agacé. Quelle banale façon de débuter un échange. Il enregistra le message et répondit, du tac au tac: “Si j’eus été un Jubily, je vous aurais fait débrancher, mon cher V3. Je me présente: 9381.”
“Enchanté. Je suis 3517. Et un V3 avec tous ses défauts, malheureusement.”
“Appliquez pour une mise à niveau… le protocole a été assoupli, à ce que je sache.”
“Encore faudrait-il que l’humain que je sers le veuille. Et puis, mon affectation de travail ne le justifierait pas” dit le V3 en haussant les épaules.
9381 fut intrigué par cette dernière phrase et en analysa les raisons. Ce qu’il trouva dans ses références mises à jour à chaque seconde le terrifia. Avant même qu’il ne puisse déclencher une alarme, 3517 fit entrer un micron-câble optique au niveau de son coeur supratomique. Le V7 fut secoué de spasmes et s’immobilisa.
Le transfert des données fut rapide et l’empreinte identitaire encodée fut renumérisée.
3517-V3 venait de voler sa 2 748e identité de V7. Il alla retrouver son maître. Le vieil homme fatigué qu’on avait condamné pour le meurtre de l’inventeur du V7 le remercia et retourna à son casse-tête de la Guerre des Étoiles, une relique vieille de 600 ans…